Le Spoutnik : un sarcleur de précision automoteur

Bineuses, scalpeuses et compagnie
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Marin@AP
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Le Spoutnik : un sarcleur de précision automoteur

Message par Marin@AP »

Bonjour,

Encore une une réalisation cosmique rencontrée cette fois-ci chez Jean-Pierre Andrilleux dans le Finistère Sud.
Jean-Pierre est actuellement retraité mais travaillait depuis 1994 sur une exploitation en bio associant 4 ha de grandes cultures et 1,5 ha de maraîchage (dont 1200 m² de serres). La ferme est actuellement reprise par son fils mais Jean-Pierre donne régulièrement des coups de main sur la partie mécanisation.
Les 70 variétés de légumes sont commercialisés en vente directe, dans une Biocoop et sur 2 marchés locaux.
La ferme comprend également un atelier d'élevage (volailles, ânes et porcs) en lien direct avec les ateliers culturaux : il récupère la paille produite sur l'atelier grandes cultures et fourni du fumier à l'atelier maraîchage. Le fumier des ânes permet également de faire des couches chaudes pour les tables de semis.
Les enjeux agronomiques de l'outil :
Jean-Pierre avait besoin d'un outil léger permettant de faciliter le sarclage les planches de légumes, qu'elles soit situées à l’extérieur ou sous serres.
La commercialisation en vente directe impliquait pour la ferme de décaler au maximum les dates de semis pour pouvoir proposer des produit frais sur une plus longue période (à l'exception des PdT et oignons). Les activités de binage sont donc de faible ampleur et sont très dispersées dans le temps.
Un outil de faible envergure et rapide à mobiliser était donc nécessaire. Voici la bête :
Vue d'ensemble
Vue d'ensemble
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Description de la navette spatiale :
Elle a été construite sur la base d'une tondeuse à gazon auto-portée hydrostatique. Le châssis central a été rehaussé de 40 cm pour pouvoir enjamber un rang de culture. Les roues motrices arrières ont été reliées à l'ancien moyeu par l'intermédiaire de chaînes et de pinions récupérées sur une vieille ramasseuse à patates (modèle Grimme).
Vue de face
Vue de face
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Détail roue arrière
Détail roue arrière
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Chaîne de transmission
Chaîne de transmission
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Le système de coupe de l'herbe (moteur hydraulique) a été déplacé à l'avant de l'engin par l'intermédiaire de deux courroies. Celles-ci mette en rotation les couteaux, positionnés sur un plateau en appuis sur une roue de terrage. Les deux couteaux ont été coupés, affûtées en pointe et soudés à 90° vers le bas afin que seule leur pointe ne touche le sol (même principe qu'une herse rotative). La roue de terrage est montée sur une tige filetée ce qui lui permet d'être réglée avec grande précision.
Le plateau comprenant les couteaux, la tôle protectrice et la roue de terrage est relié au système de relevage originel de la tondeuse.
Plateau de coupe à l'avant
Plateau de coupe à l'avant
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Détail d'un couteau coupé et ressoudé à l'équerre
Détail d'un couteau coupé et ressoudé à l'équerre
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Transmission de force par courroie
Transmission de force par courroie
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Note sur la vitesse de rotation :
La rotation est transmise du moteur hydraulique aux couteaux par l'intermédiaire de 2 courroies, ce qui permet au passage de découpler de moitié la vitesse de rotation. L'objectif est d'avoir une rotation suffisamment rapide pour déchausser les adventices, sans pour autant présenter des risques de projection (la vitesse originelle de la tondeuse serait très dangereuse). Une tôle a été mise en place pour prévenir les accidents de ce genre.

Note sur la vitesse d'avancement :
En rehaussant le châssis, Jean-Pierre en a profité pour ajouter des pinions qui démultiplient la vitesse de rotation des moteur hydrostatiques (démultiplication de 70 % environ). La gamme de vitesses de l'engin est donc plus réduite que celle de la tondeuse originelle.

Pourquoi gratter la terre avec une pointe ?
C'est vrai que des lames travaillant le sol à plat (type scalpeuse) auraient pu être envisagées. Mais Jean-Pierre a préféré ce système de contact avec le sol, d'abord parce qu'il est moins coûteux en énergie, et ensuite parce que le dérangement du sol est mimine, et il évite la mise en condition de germination de graines d'adventices.

Utilisation :
L'outil est réglé de manière à ne gratter que les premiers millimètres de terre. Les adventices sont coupées au collet, se dessèchent et se décomposent rapidement. L'engin roule sur la planche en enjambant un rang de culture tout en binant aux pieds de l'autre. Deux passages sont nécessaires pour biner les deux faces du rang.
Très efficace sur carottes, radis rouges, betteraves, navets, en fait sur tout les légumes qui sont semés en planches sur 2 rangs.
La largeur des rangs est justement calibrée avec un semoir que Jean-Pierre a également adapté, que vous pouvez visiter sur ce lien.

Avantages :
- L'outil est léger et peu intervenir sur tous types de terrains, même engorgés,
- L'avancée hydrostatique donne des possibilité de vitesses rampantes,
- Le travail du sol est très précis, grâce à un outil proche de la roue avant et géré par une roue de terrage précise,
- Contrairement à une bineuse attelée qui a tendance à se déporter à gauche lorsque le tracteur tourne à droite, ce Spoutnik est articulé par le milieu et peu suivre le rang avec une grande précision.

Coût de l'autoconstruction ?
Moins cher qu'un ticket pour l'espace, ce Spoutnik peut être facilement réalisé en récupérant une tondeuse auto-portée dans un magasin de motoculture pour 300 à 400 euros. Évidemment une grande partie des autres pièces a été récupérée. Mais Jean-Pierre estime s'en être sorti pour 1000 euros.

Pour peaufiner la navette ?
D'un point de vue sécuritaire, Jean-Pierre souhaiterait ajouter une tôle de protection flottante fixée en parallélogramme sur la tôle existante afin qu'elle suive le relief du sol et évite toute projection de pierre.
Tôle de protection
Tôle de protection
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Ces travaux bénéficient du soutien financier de l’Europe et du Réseau Rural National, par le biais de la Mobilisation Collective pour le Développement Rural coordonnée par l’Atelier Paysan sur "L’innovation par les Usages, un moteur pour l’agroécologie et les dynamiques rurales" (2015-2018), dont la FNCUMA, la FADEAR, l’InterAFOCG, AgroParisTech et le CIRAD sont partenaires.

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