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Enclos à bisons en glissières d'autoroutes

Publié : 25 mars 2019, 15:38
par QuentinAP
La ferme des « Bisons de l’Oisans » est située à Rochetaillée, au fond de la vallée de l’Oisans et est spécialisée, comme son nom l’indique, dans l’élevage de bisons. Des bisons dans les Alpes, quelle étrange idée me direz-vous. Ce sont les rudes conditions locales ainsi que le désir de proposer un concept attractif et singulier qui ont motivé Didier Girard, notre agriculteur-bricoleur. En effet, les parcelles sont situées dans une vallée très encaissée que la lumière du soleil n’atteint que quelques heures par jour. Ce qui limite très fortement les possibilités en termes de cultures et d’élevages.

Didier, a pu se reconvertir dans l’agriculture en 1991, lorsque 20 hectares de terres se sont libérés. En 2003, il a eu l’occasion de racheter 20 autres hectares, lui permettant d’avoir 40ha de parcelles d’un seul tenant. Ayant bricolé avec son père depuis son enfance, sa philosophie lors de son installation était de récupérer du vieux matériel, moins cher et plus facilement réparable car dépourvu d’électronique notamment. Il conserve d’ailleurs une petite collection de tracteurs « Jhonn Deere » des années 80 dont il récupère et interchange les pièces en cas de panne.

La seconde « passion » de Didier est pour les glissières d’autoroutes. En effet, il s’agit là de ferraille relativement facile à se procurer tout en étant peu cher (30 à 70euros par glissières). Elles l’ont d’ailleurs inspirées pour la réalisation d’intéressantes démarches d’autoconstructions.
La création d’enclos à bisons est régie par des exigences techniques importantes car il faut pouvoir installer des barrières et clôtures assez solides pour résister à la pression de ces animaux. Ainsi ce sont deux corrals permettant d’accueillir une vingtaine de bisons et possédant leurs abreuvoirs et leurs mangeoires qui ont été construits. Pour plus de sécurité, les portes de ces corrals mènent à une « antichambre » possédant elle-même une grille. Ces corrals servent principalement de parc pendant l’hiver afin que le passage répété des bisons n’abiment pas les pâtures.

Les bisons sont nourris à la paille que Didier fauche sur ses parcelles. Une partie est distribuée par balles rondes dans les mangeoires, tandis que l’autre est déversée directement par-dessus le grillage grâce à un tracteur. Une partie de cette paille est mise en tas qui va composter sur place (cela crée une source de chaleur sur laquelle les bisons aiment se réchauffer durant l’hiver).
Le corral des bisons à gauche. Il est surélevé par rapport à la vallée afin d’éviter que les bisons aient les pieds dans l’eau s’il devait y avoir une inondation de la plaine (la Romanche passe non loin de là). L’accès se fait via une barrière accrochée aux glissières.
Le corral des bisons à gauche. Il est surélevé par rapport à la vallée afin d’éviter que les bisons aient les pieds dans l’eau s’il devait y avoir une inondation de la plaine (la Romanche passe non loin de là). L’accès se fait via une barrière accrochée aux glissières.
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les mangeoires sont chargées en ballots directement via le tracteur
les mangeoires sont chargées en ballots directement via le tracteur
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Le coût de ce genre d’installations étant élevé, Didier a décidé d’essayer de le limiter au maximum en utilisant du matériel de récupération : les glissières d’autoroutes. Ces glissières sont enfoncées dans le sol (comme des piquets) à une profondeur de 1,70m. Ce qui laisse une hauteur de clôture de 2,62m (les loups ne risquent pas de sauter par-dessus !). Entre ces glissières, espacées d’environs 5m, est tendu un grillage de deux mètres (type cyclone) maintenu par un câble d’acier. Il est mis en place via un système de dérouleur de câble installé sur un tracteur. Les trous de fixation des glissières servent quant à eux à passer les câbles supérieurs. Ces câbles servent principalement de protection contre les branches tombant sur le grillage.
Les piquets ont des espacements plus ou moins égaux selon le terrain…en tout cas les bisons ont une belle vue !
Les piquets ont des espacements plus ou moins égaux selon le terrain…en tout cas les bisons ont une belle vue !
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Afin que les loups ou les renards ne puissent pas passer par-dessous, la clôture est enfuie dans un sillon creusé par le passage d’une charrue. Pour bien faire, il faudrait également électrifier le grillage, mais Didier n’en a pas ressenti le besoin.

Le coût de ce genre d’installation est tout de même conséquent puisqu’en plus du matériel nécessaire à l’enclos, il faut prendre en compte le matériel permettant la construction de celui-ci (en ce compris la location des tendeurs et les tire-forts). Le coût d’une clôture de 100m pour deux mètres de haut est d’environ 700eur, tandis qu’une glissière d’occasion peut se trouver pour 30euros.
Les charnières du portique sont soudées directement aux glissières.
Les charnières du portique sont soudées directement aux glissières.
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Les clôtures sont enfoncés dans le sol grâce à un passage de charrue
Les clôtures sont enfoncés dans le sol grâce à un passage de charrue
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Ces travaux de recensement bénéficient du soutien financier de l’Europe et du Réseau Rural National, par le biais de la Mobilisation Collective pour le Développement Rural coordonnée par l’Atelier Paysan sur "L’innovation par les Usage·R·E·s, un moteur pour l’agroécologie et les dynamiques rurales" (2018-2021).
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