L'Energiewende coûte 100.000 euros par habitant : un bilan accablant
21 Avril 2024
Olaf Zinke, AGRARHEUTE*
Selon le chercheur en énergie Thess, une conversion complète de l'Allemagne à l'énergie solaire et éolienne coûterait près de dix mille milliards d'euros. Cela correspondrait à environ 100.000 euros par habitant.
Un physicien dresse un bilan accablant de la transition énergétique. Un passage complet aux énergies renouvelables coûterait des sommes colossales. Et il y aurait encore bien d'autres problèmes...
Coûteux, hostile au climat, incertain : dans un entretien accordé à die Welt, le physicien et chercheur en énergie André Thess dresse un bilan accablant de l'Energiewende. Il critique l'opportunisme des décideurs économiques et des médias et déplore que les scientifiques indépendants aient été exclus de la planification de l'Energiewende.
M. Thess est directeur de l'Institut de Thermodynamique Technique du Centre Aérospatial Allemand (DLR) et professeur de stockage d'énergie à l'Université de Stuttgart. Ses recherches portent principalement sur le stockage thermique de l'énergie ainsi que sur la technique de mesure électromagnétique des processus et des hautes températures.
M. Thess remet également en question les hypothèses et les projets du gouvernement fédéral visant à réduire la consommation d'énergie de près de moitié au cours des deux prochaines décennies. Dans son entretien avec die Welt, il compare le projet de transition énergétique à de grands projets comme la construction de l'Elbphilharmonie, dont les coûts ont largement dépassé les estimations initiales.
Coûts : gigantesques, 100.000 euros par habitant
Selon les estimations du chercheur en énergie Thess, une conversion complète de l'Allemagne à l'énergie solaire et éolienne coûterait près de dix mille milliards d'euros. Cela correspondrait à environ 100.000 euros par habitant.
Pour réunir cette somme colossale, l'Allemagne devrait consacrer chaque année environ dix pour cent de sa performance économique à la transition énergétique. Le scientifique affirme que l'on ne parle pas ouvertement des besoins financiers, car ils ne sont pas très populaires et ne donnent pas lieu à des invitations dans les talk-shows.
Le physicien évoque pour die Welt le décalage entre les promesses politiques et les réalités économiques. Il critique à cet égard les déclarations des hommes politiques qui présentent la transition énergétique comme peu coûteuse, alors que les spécialistes de l'économie remettent de plus en plus en question cette représentation.
Des prévisions issues de think tanks financés par l'État
M. Thess reproche aux politiques d'ignorer les scientifiques et experts indépendants et de miser à la place sur des prévisions optimistes issues de think tanks subventionnés. Selon M. Thess, le lien entre la consommation d'énergie et la prospérité d'un pays est très étroit.
A la question de savoir si un Etat peut maintenir ou même augmenter sa prospérité tout en réduisant drastiquement sa consommation d'énergie, M. Thess affirme que les exemples donnés jusqu'à présent ne donnent guère de raisons d'espérer.
Au lieu de toujours plus de subventions et de réglementations étatiques, le physicien plaide pour des solutions d'économie de marché – et de véritables avancées technologiques. Pour lui, la contribution de l'Allemagne réside avant tout dans le développement de technologies innovantes qui pourraient jouer un rôle au niveau mondial.
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